Ambrose Akinmusire Quartet - COMPLET

Trompettiste star et engagé

Ambrose Akinmusire n’est pas qu’un brillant musicien de plus. Il est aussi une conscience, un artiste qui s’interroge sur l’univers dans lequel il vit — les Etats-Unis — et sur sa condition d’Africain-Américain, né à Oakland, ce pays où tant de jeunes Noirs de son âge sont assassinés par la police. Gardant à cœur que sa musique se fasse l’écho dans son étoffe de son époque, il adapte la syntaxe du jazz aux rythmes actuels, tout en lui gardant sa qualité acoustique ou en la mariant à un quatuor à cordes. Ce trompettiste d’exception ne s’interdit rien pour délivrer un art sensible et mobilisé, qui garde l’engagement dans le jeu de ses ainés, de Miles Davis à Freddie Hubbard, tout en développant une voix singulière, au lyrisme écorché, à l’intégrité sans faille. Un des grands musiciens actuels, qui se présente en quartet, sans filet.

Avec :

  • Ambrose Akinmusire, trompette
  • Sam Harris, piano
  • Matt Brewer, contrebasse
  • Justin Brown, batterie

 

 

Édito

Construire une programmation est une responsabilité au regard des innombrables musiciens qui ont fait le choix de s’engager dans une carrière artistique. Qui retenir ? Qui sélectionner dans un champ aussi vaste que celui du jazz, face à une telle profusion ? Tout d’abord, tenter d’offrir un échantillon de talents remarquables, dans toutes les directions que le jazz peut prendre de nos jours, en France comme ailleurs, de ceux qui sont fidèles à une vision respectueuse de sa tradition jusqu’à ceux qui l’empruntent pour mieux tenter d’en élargir le périmètre esthétique. On en trouvera un éventail représentatif parmi les artistes qui prennent part à cette nouvelle saison de Sorano Jazz. Ensuite, s’accorder sur un dénominateur commun : celui de faire entendre une voix originale, quelqu’un qui sache, sur son instrument, développer un discours personnel, quelle que soit sa démarche esthétique. Car au fond, dans le jazz — et c’est une de ses grandes lignes de force de sa modernité — peu importe que la forme soit savante ou simple, que le propos soit avant-gardiste ou classique, ce qui réunit musicien et spectateur est avant tout une forme de sincérité et d’authenticité du geste créatif. Une singularité qui ne s’explique pas nécessairement mais qui, par la combinaison d’une invention et d’une expression, nous donne la conviction d’être face à un artiste qui a la capacité de nous faire entendre quelque chose de différent, d’intègre, de profond et d’émouvant. Pas un des musiciens programmés cette année n’échappe à cette règle ; c’est du moins ma conviction. Que vous la partagiez à l’issue de cette nouvelle série serait la plus belle des récompenses.

Vincent Bessières

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